T.H.E E.N.D
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 KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie

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Káča-Sìlje Gunnlausdóttir

Káča-Sìlje Gunnlausdóttir

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MessageSujet: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMar 8 Fév - 22:56

Káča-Sìlje Phemën Gunnlausdóttir
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oh na na what's my name ?
c'est quoi ton p'tit nom baby ? Káča-Sìlje mais on m'appelle Káča et ton âge ? on ne demande pas son âge à une femme donc t'es né(e) un certain jour de 23 octobre 1985 à Skógar écrire ici lieu de naissance. du coup t'es de nationalité islandaise Bien sûr, bien sûr. Et tu fais quoi comme p'tit job ? ou t'étudies quoi ? je travaille au musée Þjóðmenningarhúsiðhum, et t'es .. célib' sinon ? célibataire oui t'as peur de la fin du monde ? Pourquoi donc ? peut m'importe, de toutes façon on va tous mourir alors. Et puis avouez que ce serait cool, mourir pendant la fin du monde, on rentrerait dans l'histoire, c'est toujours mieux que de mourir en personnages âgées toutes dégarnieset oh attends, tu ressembles trop à Keira Knightley ? On me l'a déjà dit, mais merci. div>
don't try to forget me

Papa était rentré un peu plus tôt qu'à son habitude ce jour là. A mon âge, c'était une bonne nouvelle. Après avoir entendu sa voiture se garer dans l'allée et avoir jeté un coup d'œil par la fenêtre pour en être certaine, je sortis rapidement de ma chambre et voulut descendre les escaliers pour aller l'embrasser. Sveinn- Jón était déjà là, assis en haut des escaliers, semi-appuyé sur la rambarde, il semblait guetter ce qui se dérouler plus en bas. D'un mouvement du doigt, il me signe de ne pas faire de bruit, je devais m'assoir à côté de lui en silence et surtout ne pas poser de questions. Sveinn- Jón était le plus âgé d'entre nous trois. Thór- Ragnar était né deux ans après lui et un an plus tard, ma petite frimousse était survenue. C'était celui avec lequel j'avais le plus d'écart et pourtant c'était celui avec qui je m'entendais le mieux. Je me suis toujours plus ou moins entendu avec Thór- Ragnar, tandis qu'avec Sveinn- Jón, notre relation était beaucoup plus fusionnelle, beaucoup intime. C'était un peu le chef de notre clan et Thór- Ragnar le vivait assez mal, il a eu une période de grosse rébellion, je crois qu'il était victime de jalousie, envers Sveinn- Jón et tout aussi envers Sveinn- Jón et moi-même, car la jalousie n'est pas seulement matérielle, on peut très bien jalouser une relation, une complicité, une présence ... et inversement une perte, une absence mais ces derniers cas sont beaucoup plus rares. Je m'exécutai donc sagement, faisant glisser ma main entourant un barreau de la rambarde tout au long de ce dernier, tout mon corps suivant ce même mouvement, jusqu'à me retrouver à terre. Je regardais mon grand-frère avec les yeux ingénus et la bouche entrouverte d'une enfant de cinq ans. En bas, dans la cuisine, conversaient papa et maman. Cela ne ressemblait pas aux conversations dont nous avions l'habitude. Papa portait dans ses bras un carton rempli d'objets divers, je cru même entrapercevoir parmi des stylos le cadre en pâte à modeler que j'avais fait à l'école pour la fête des pères. Papa faisait une drôle de moue et maman paraissait surprise, elle avait de gros yeux et parlait vivement. Ce n'est que plus tard que je compris de quoi il s'agissait. Papa s'était fait viré de son travail, jusque-là maman était très émue, ses yeux commençaient à briller, seulement cela faisait déjà une semaine que papa n'avait plus de travail, ce qui mit maman en colère. Chaque matin, il revêtait son costume et partait aux mêmes heures que d'habitude, sauf qu'il n'allait pas au travail. Et à vrai dire je ne sais pas tellement où il passait ses journées, peut-être que maman non plus ne le sait pas, peut-être qu'il vaut mieux ne pas savoir. Cela faisait sept jours qu'il lui cachait son licenciement et jouait à faire semblant. Sauf qu'aujourd'hui, la comédie s'était arrêtée, il ne pouvait plus. Il ne pouvait plus garder pour lui seul ce secret et il ne pouvait plus subvenir aux besoins de la famille. Maman ne travaillait pas elle à cette époque, son travail c'était d'être maman. Elle travaillait, elle s'occupait de nous mais ce n'était pas comme papa qui ramenait les sous pour faire les courses. Là il n'y avait plus assez de sous pour faire les courses, plus assez de sous pour payer la maison. Maman s'était alors énervée, elle ne comprenait pas pourquoi papa ne lui avait pas dit tout ça plus tôt, pour elle c'était très grave. Ce petit mensonge remettait tous les fondements qu'elle avait de leur union. A cet instant, je crois que maman avait envie de partir, de s'éloigner un instant et c'est ce qu'elle fit. Elle sortit en trombe de la maison faisant claquer la porte. C'est là que papa resté seul dans la cuisine leva les yeux et nous aperçut Sveinn- Jón et moi en haut de l'escalier. Alors Sveinn- Jón se releva, me prit la main et me dirigea dans le couloir. Je me souviendrais toujours de la lueur de tristesse tremblante dans le regard de papa ce jour là. Maman était perdue, elle avait été blessée par le manque de confiance de son mari, ce mensonge qui venait obscurcir son mariage et bouleverser ses idéaux et cette difficulté financière à laquelle ils devaient à présent faire face. C'est pourquoi elle s'en alla, pour réfléchir, elle en avait besoin. Sveinn- Jón m'avait poussé dans sa chambre et était allé chercher Thór- Ragnar, nous nous assirent en cercle les deux plus jeunes fixant en silence le grand frère à l'allure pensif. Puis il se mit à nous parler, à nous faire essayer de comprendre, sans pour autant que l'on s'affole et nous recommandant d'être discret et gentil en particulier durant ces moments durs.

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Ce fut la dernière fois que nous virent maman. Enfin presque, une semaine plus tard elle vint frapper à la porte. Mais en dépit de nos espérances à tous, elle se contenta de faire ses cartons et de tout emporter. Papa tenta de recréer une sorte de dialogue, mais sans succès. Thór- Ragnar, Sveinn- Jón et moi étions dehors, sur le palier de la maison, tandis que nos parents se disputaient à l'intérieur. Mes yeux brillaient, j'étais terrorisée par ce qui se passait à l'intérieur, et je posa mes paumes de main contre mes oreilles. Et après tout ce temps, et en dépit des trois progénitures que nous étions, papa ne réussit pas à reconquérir maman, et maman ne parvint pas à revenir. De longues semaines s'ensuivirent, sans que maman ne revienne jamais, papa avait perdu la parole et il semblait toujours attendre le retour de sa chère épouse. En vain. Quelques-temps plus tard, nous faisions nos cartons. L'organisation de maman était partie avec elle, et les maigres objets qui nous restaient après que maman ai tout emporté les siens étaient entassé n'importe comment dans les cartons, sans aucun étiquetage ni ordre. La décision du déménagement a du être prise très vite, la situation était devenue catastrophique. La vie à Akureyrarkaupstaður était devenue trop chère et la vie que nous avions mené jusqu'à lors avec. La faible allocation chômage que touchait papa ne suffisait pas et maman partie, la part de revenue qui émanait de son cinéma avait disparue avec elle. On ne savait pas vraiment où on allait, tout du moins les enfants, je me demande même s'il n'eut pas un moment où papa était aussi désemparé que nous devant la destination vers laquelle on se rendait. Une seule chose était certaine, papa voulait changer de ville, changer de travail, changer de pays, changer de vie... Nous nous étions arrêtés à un hôtel miteux pour y passer la nuit et l'ambiance familiale était toujours aussi froide. Le lendemain, nous repartions dans la matinée, lorsque je réalisais que j'avais oublié mon doudou de Bambi à l'extérieur. Je voulais à tout pris le récupérer, nous n'avions droit qu'à un seul jouet sur nous, tous les autres étaient dans les cartons et interdiction formelle de les ouvrir. Je criais de toutes mes forces et les larmes me vinrent aux yeux « Il faut aller chercher Monsieur Bambi ! » suppliais-je, sans réponse, et pourtant je ne m'arrêtais pas, il fallait à tout prix le récupérer, quand soudain « Non, non non ! » Mais je continuais. « TAIS-TOI ! » me hurla t-'il alors dessus au bord de la crise de nerf à cause du stress. Terrifiée, mon visage se crispa, Sveinn- Jón me regarda à la fois compatissant du malheur de sa petite sœur mais qui ne voulait surtout pas contredire un père dépressif. Ne me restait plus qu'à travers la vitre, faire mes adieu à Bambi mon fidèle ami qui m'avait suivi depuis le berceau et j'avais l'impression que des larmes perlaient lui aussi sur ses joues. « Non mon petit Bambi adoré je ne voulais pas t'abandonner, oh par pitié mon Bambi pardonne-moi ! » et ce jusqu'à ce qu'un virage vienne interrompre ma vision brusquement. Plus jamais je ne reverrais mon très cher Monsieur Bambi, que va t-il bien pouvoir faire sans moi, ce n'est pas de ma faute ... et je me blottis dans les bras d' Sveinn- Jón, sanglotante. Nous retournions à Skógar, notre petit village d’origine, minuscule village perdu dans le paysage islandais d’à peine 25 habitants nous compris. C’est là où habite Grand-mère, que nous visitons durant les vacances. Papa avait quitté son village natal pour maman, et s’installer en grande ville, mais tous les trois enfants, étions nés là-bas. Maintenant je me demande comment est-ce qu’on a bien pu naitre dans un endroit pareil, enfin c’est vrai qu’on est tous un peu fou, ça doit être pour ça … Les relations avec papa n'avaient cessé de stagner après le départ de maman, il ne parlait plus ou si peu, il semblait perpétuellement ailleurs, s'était remis à fumer et même commençait à boire. L'addiction vint très vite, un verre de vin au repas, une sortie du pub, une bouteille de whisky pour noyer son chagrin etc. Et papa était déjà devenu un ivrogne avéré. Grand-mère ne savait que faire ou que dire, elle se désolait de voir ainsi son fils se détruire ainsi et délaisser ses enfants. Alors grand-mère Hlín- Ísveig nous éleva, c'est elle qui fit toute notre éducation, surtout la mienne, débarquée ici à l'âge de cinq ans à peine, maman n'avait pas encore finit de me discipliner. A huit ans, Sveinn- Jón était déjà un bon petit garçon responsable qui adorait prendre soin de sa petite sœur, sous les regards jaloux d'un Thór- Ragnar de six ans. Maman était devenue un sujet tabou, et personne n'osait l'énoncer, si Hlín- Ísveig, ni Papa, ni même les enfants n’entre nous. Chacun transportait sa peine avec lui. J'avais toujours gardé dans le tiroir de ma table de chevet, sous mon livre préféré, une édition ancienne des Aventures d'Alice au Pays des Merveilles trouvée dans la librairie de papa, une photo de maman. Ce qui me faisait le plus peur, c'était qu'au fur et à mesure que je grandissais et lui ressemblais de plus en plus, mes souvenirs d'elle s'estompaient, comme si je l'a volais en lui ressemblant un peu plus chaque jour. Un jour, assise sur mon lit et face à la fenêtre, mes petites mains d'enfant serrant entre elle la dernière trace d'existence de maman, ma dernière preuve de son existence, une larme perlant sur ma joue, tomba lourdement sur la photographie sur papier glacé. Une main se posa sur mon épaule, Sveinn- Jón, passé dans le couloir, s'était suffisamment attardé dans l'encadrement de la porte de ma chambre pour comprendre ce qui se passait. « Elle te manque n’est-ce pas, Nýbjörg. » Les garçons n'appelaient jamais notre mère "Maman" tout du moins plus du tout depuis qu'elle nous avait abandonné papa et nous. Je laissais alors couler ma tristesse, et s'écouler mes larmes sur le tee-shirt de Sveinn- Jón qui m'avait serré dans ses bras.

please, don't leave me

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crédits tumblr
    who are you dude ? secret confidentiel mdr' hum, âge ? t'es quoi ? l'âge de mes artères, et je suis extra-terrestre where do you come from ? Bazzartet donc ? 2012 j'aime tu viendras souvent par ici ? plusieurs fois par semaine ah bon ? t'es déjà venu ? tss non non ouais, bon, parle maintenant motus et bouche cousue




Dernière édition par Káča-Sìlje Gunnlausdóttir le Sam 12 Fév - 11:03, édité 23 fois
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Káča-Sìlje Gunnlausdóttir

Káča-Sìlje Gunnlausdóttir

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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMar 8 Fév - 22:57

don't try to forget me
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Par la fenêtre, Sveinn- Jón et Thór- Ragnar jouaient en contrebas, nous étions en décembre et ils se fabriquaient une forteresse de glace dans le jardin d'hiver de la maisonnée. Cela faisait un moment à présent que nous vivions à Skógar. Papa avait voulu complètement couper les ponts avec son passé en temps que trader, il avait ouvert une petite libraire spécialisée en ouvrages anciens et vieilles éditions. Nous nous étions fait à notre nouvelle vie, à la campagne, ici tout le monde nous connaissait sans même nous avoir rencontré, c’est si petit, on remarque tout de suite les nouveaux, d’ailleurs ils n’en croisent pas beaucoup des nouveaux habitants. Nouvelle école, nouveaux amis, nouvelle maison, nouveau travail ... Tandis que pendant ce temps, seule et silencieuse, je les regardais rire et s'amuser depuis le carreau glacé de ma chambre. Car je suis une malade oui, mais pas une malade pyjama, je n’aime pas qu’on catalogue les malade ainsi, d’ailleurs aucun malade n’aime ça. C’est une des raisons pourquoi je n’aime pas le raconter, l’autre et bien parce qu’on a tous notre petit orgueil et que j’ai un vilain défaut qui est de toujours vouloir me débrouiller par mes propres moyens et de n’accepter aucune aide, certainement du à une enfance trop dépendante. Outre mes insomnies constantes, expression d'une profonde peur de la mort, je suis bel et bien malade, ou tout du moins l’ai été gravement jusqu’à récemment. Un après-midi de novembre, après une promenade dans le parc gelé d’Akureyrarkaupstaður, j'avais attrapé quelque-chose, je ne sais plus trop quoi en fait. Toujours est-il qu'emmené au médecin, celui-ci me conduit à l'hôpital où je restai en observation deux jours. Jusqu'à ce qu'un monsieur en blouse blanche fasse irruption dans la salle et après tous les examens qu'on m'avait fait, en conclu une maladie au nom imprononçable et que ni moi, ni Thór- Ragnar, ni Sveinn- Jón et ni Papa et Maman ne comprenaient. Devant ces yeux écarquillés, le médecin ne pu s'empêcher de sourire et expliqua « En gros, votre fille souffre d’un manque de défenses immunitaires. Elle est très fragile, donc plus de sorties à l’extérieur pour elle. » « Et il y a un traitement docteur ? » « Non, ce n’est pas temporaire, c’est une déficience génétique des cellules. Káča-Sìlje doit dès à présent suivre des cours particuliers et rester confiné à la maison, interdiction formelle pour elle de sortir, et ce sous n’importe quel prétexte, son corps et si fragile, qu’une simple maladie telle gastroentérique, rhume… pourrait lui être fatal. » Les pupilles de maman tremblèrent, jusqu’à sangloter, elle porta sa main sur sa bouche tandis que papa l’a soutenait des épaules. Couchée dans le lit d’hôpital, en robe de chambre blanche de malade, je regardai mon frère « Sveinn, pourquoi maman est pleure et papa est triste ? » Sveinn- Jón s’approcha, sa petite main pris la mienne et il dit comme un adulte, les yeux rassurants « Ne t’inquiètes pas Káča, ça va aller. » Je ne comprenais pas pourquoi mes parents étaient si inquiets, Sveinn- Jón avait dit que ça allait aller pourtant. Cette maladie n’était pas fondamentalement dangereuse, mais elle me privait de toute vie sociale, de toute enfance normale. Je ne connaissais ni l’école, ni les sorties, ni les récrés, ni les balades, ni les piscines, ni les camarades et jeux de récréation… Je ne connaissais que la maison à Akureyrarkaupstaður, mon monde se restreignait à notre maison. Je n’avais pas le droit de sortir, j’avais l’interdiction formelle de sortir de l'enceinte de la maison, mais c’était pour mon bien, tout cela n’a jamais été pour autre que mon bien. Ce qui me dérangeait le plus, c’était de ne même pas pouvoir sortir prendre l'air sur le balcon, ni se promener dans l'immense étendue de verdure et de feuillus qu’offrait le parc. Ma santé est bien trop fragile pour cela, je n'avais quasiment pas de défenses humanitaires, n’avais car aujourd’hui cela va mieux, pas beaucoup mieux mais mieux dans le sens je peux suivre des études normalement mais je dois quand même faire attention, c’est pourquoi on ne me voit que très peu en extérieur, et puis je me suis habituée à rester cloîtrer entre quatre murs. Je tomberais très vite gravement malade, ce qui m’affaiblirait terriblement jusqu'à lui m’être peut-être fatal, telle une pneumonie pour exemple concret d’après les médecins. Et c'est la raison pour laquelle, du haut de la fenêtre de ma chambre, on peut couramment m’apercevoir pensive, constamment songeuse j’ai depuis toute petite l’habitude de rester très discrète, silencieuse et solitaire. De temps en temps, un petit rictus triste convenait à se dessiner sur mes lèvres. Or seul Sveinn- Jón parvenait à me faire sourire jusqu'aux dents et à lâcher un rare éclat de rire. C’est évident que j’ai souffert un tant soit peu d’isolement forcé. D’autant plus alors qu’ Sveinn- Jón et Thór- Ragnar partaient tranquillement à l’école, sortaient avec des amis, allaient au cinéma etc. … Les rêves sont la seule et éternelle échappatoire des enfants malades, alors elle rêve à toute heure et de tous temps, encore maintenant. Il suffit de me poster devant une fenêtre, je regarde le ciel ou le paysage et ça y est, c'est partit pour l’évasion. On, je parle au nom de tous les enfants malades, n'est plus malade, on est juste un enfant parmi les autres, peut-être même aventurière, un peu trop casse-cou aussi, mais peu importe, c'est un rêve, tout est possible, et c'est notre rêve, c'est nous qui l’érigions. La plupart des enfants rêvent d’être anormal, nous c’est l’inverse. Et pourtant je n’ai jamais été jalouse de mes frères aînés. D’ailleurs, comment aurais-je pu l’être, je ne peux en aucune façon leur tenir rigueur de ma maladie, ce serait profondément injuste et cruel. Ce sont mes frères, je les aime plus que tout au monde, et ils me lui rendent bien pour tout dire. Alors pour passer le temps, la littérature s’est imposée à moi. J’ai dévoré tous les grands classiques, aussi bien que les auteurs contemporains, les essais philosophiques et les écrits de théâtre. J'eus une enfance d'enfant malade, de privation mais pas pour autant malheureuse, puisqu'en partie, ma famille compensait ce manque par des marques d'affection et d'amour. On dit souvent que le dernier d'une famille est le plus chouchouté, ajoutez à cela une maladie incurable et vous avez une enfant totalement dépendante. J'étais en particulier dépendant, dépendante d' Sveinn- Jón, c'était un peu mon second papa, il le remplaçait entre guillemets. Papa se s'était jamais remis de sa séparation avec sa femme, et avait sombré dans l'alcool. Il était devenu un fantôme, présent physiquement mais absent mentalement. Sans compter que j'ai été déscolarisée, non en fait je n'ai jamais été véritablement scolarisée. Je ne suivais pas les cours en hôpital comme certains, non j'ai toujours résidé à la maison. Grand-mère poussa papa à me financer des cours particulier, elle ne pouvait concevoir que je reste sans éducation. A Akureyrarkaupstaður, j'avais même un précepteur, et jusqu'à ce que j'ai des cours particuliers à Skógar, Grand-mère s'occupait de moi, et m'enseignait. La plupart des économies de la famille y passaient généralement. Cela était d'autant plus une épine dans le pied de Thór- Ragnar qui est bel et bien celui qui a le plus mal vécu ma maladie. Il devait se priver comme Sveinn- Jón, pour ma petite personne. Une enfance de concessions et de sacrifices pour une petite sœur malade. D'ailleurs mon incapacité à sortir nous poussait dans une espèce d'isolement familial, nous ne pouvions que recevoir et ne jamais visiter, ni même partir en vacances tout ensemble. Ainsi le déménagement jusqu'au village avait été une véritable traversée, un vrai challenge, mais je n'en avais pas conscience à l'époque, peut-être mes frères, je ne sais pas. Ce manque, toucha énormément Thór- Ragnar, Sveinn- Jón n'y était pas plus perturbé tandis que Thór- Ragnar si. Il souffrait véritablement de cet enfer littéralement, et je m'en voulais affreusement mais à chaque fois il me refoulait. Il a toujours été distant avec moi et à chaque fois qu'il exprimé un refus contre ma part, il s'attirait les foudres de grand-mère et d' Sveinn- Jón, papa étant devenu totalement indifférent de tout. Cela empirait les choses et ce n'était pas ce que je voulais. De ce fait, il s'arrangeait toujours pour passer le moins de temps possible à la maison. Il souffrait de ne pouvoir partir en vacances ou en voyage comme tout le monde, se plaignait souvent qu'on ne soit pas une "famille normale" et par anormal il entendait moi-même. Personnellement cela ne me dérangeait pas, après tout il avait raison. Mais Sveinn- Jón surtout ne l'entendaient pas ainsi, et Thór- Ragnar devint un peu le vilain petit canard de la famille, cet adolescent rebelle que personne n'arrive à maîtriser mais également que personne ne cherche à comprendre. J'ai énormément culpabilisé à cette époque, je m'en voulais terriblement mais chaque pas que je faisais vers lui, il me refoulait à cent mètres, ne voulant rien entendre. Foncièrement, il n'avait rien contre moi, mais contre ma maladie oui. Je représentais la cause de son malheur, le boulet enchaîné à sa cheville, j'étais son handicap.

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Depuis quelques années, à peu près depuis ma vingtième année, les médecins avaient remarqués que mon état allait un peu mieux. Pas au point de pouvoir aller et venir comme bon me semble de tous temps et par toutes les températures, ni pour entreprendre l'ascension du Mont-Blanc, mais suffisamment pour suivre un cursus scolaire dît de normal. Et la vie semblait s'écouler comme un long fleuve tranquille, mais comme on dit il faut se méfier de l'eau qui dort ... et jour arriva ce qui devait arriver, le flux de la rivière sortie de son lit. Nous étions en pleine nuit quand je me réveillais. Intuition, mauvais rêve, sommeil léger ? Dieu seul le sait. Entendant des bruits en bas, je décidais de descendre voir ce qui se passait. Papa et Gram, comme j’appelais Grand-mère était sur la pas de la porte et leur faisait face, une jeune recrue de la police, le pauvre avait l'air assez embêté. Je me glissais en silence à côté de Papa quand il finit par décrocher la nouvelle tombant comme un coup de massue massacrante. « Etes-vous bien Monsieur Gunnlaus ? » « Oui, de quoi s'agit-il à une heure si tardive ? » « Hum ... c'est difficile à annoncer mais ... votre fils a eu un grave accident de voiture. » Le sort en était jeté, je sentais que mes jambes allaient me lâcher d'un instant à l'autre, Papa avec un air aussi neutre que d'habitude, et épuisée prononça difficilement cependant « Le-lequel je vous prie ? » Le jeune homme paraissait de plus en plus embêté, la famille avait deux fils, la bonne affaire, il se gratta la nuque sous le képi et parti voir un de ses supérieurs. La seconde d'après il prononçait difficilement ces deux syllabes « Sveinn-Jón». Dans une situation normale il aurait demandé si cela se prononçait bien ainsi, mais en ces circonstances, il reconnut qu'il ne valait mieux pas. C'était comme si on m'arrachait le un membre, et j'entendis un cri strident émaner de ma gorge comme s'il venait du plus profond de mes entrailles et en même temps, comme si c'était celui de quelqu'un d'autres. Papa qui n'avait jusqu'à lors pas remarqué ma présence s'exclama qu'il fallait que je me dépêche de rentrer, c'était la nuit, il faisait froid et je n'étais qu'en short et débardeur de nuit. Je sentais le sol s'évader sous mes pieds, j'entendais encore la voix de papa chevrotante remercier l'agent, le timide "de rien", le bruit d'une porte qui claque, papa qui jurait et puis plus rien. J'étais dans ma chambre, avec comme dernier souvenir de la nuit passée, les regards vides et perdus de papa et grand-mère. Je priai comme jamais pour que le tout ne soit qu'un mauvais cauchemar mais au fond je savais que ça ne l'était pas. Papa et Gram avaient passé la nuit à l'hôpital, ils y avaient filé de suite après l'annonce du drame. C'était Thór-Ragnar réveillé par mon cri qui avait du ma coucher, papa n'avait pas voulu qu'il l'accompagne. Un quart d'heure après mon réveil, j'étais déjà à l'hôpital à la surprise de papa. « Thór-Ragnar, je t'avais demandé de veiller sur elle et défendu de l'emmener ! » « Et qu'est-ce que j'ai fait à votre avis ?! C'était soit je l'a laissai venir toute seule et je ne sais pas comme elle y serait parvenu, ou je l'emmenai. » Il avait l’air tellement épuisé et fatigué, par la nuit blanche douloureuse qu'il venait de passer. Mon frère avait été pris en charge d’urgence au bloc opératoire, un accident de la route comme les urgentistes en voient souvent. Ils étaient cinq garçons, sortant d’une soirée en boîte de nuit, Sveinn-Jón ne conduisait pas. Il faisait la fête mais veillait à ne jamais conduire lorsqu’il avait bu. Le conducteur ce soir là, n’était pas aussi prévenant apparemment. Il est vrai qu’on fait souvent attention à ce que l’on boit pour estimer prendre ou pas le volant, mais on ne regarde pas tellement le verre du ou des voisins, bien qu’automatiquement ce sont eux qui conduiront si on décide de ne pas prendre le volant. Une percussion avec un poids lourd. Enfin, comme envoyée tout droit du ciel, une infirmière vint nous annoncer qu’il était réveillé. Un par un, nous entrèrent à tour de rôle dans la petite chambre du patient, il fallait être bref. Je passais en dernier. J’avais eu le temps d’observer l’expression de chacun en sortant de la chambre. Papa entrait dans la chambre. Il en ressortit tout troublé, il se frottait les paupières, ses yeux brillaient. Thór-Ragnar pris la relève qui en sortit complètement désemparé, on aurait dit un petit animal angoissé, un animal sauvage soudain pris au piège. Grand-mère elle, fut anéantie. Au moment de pousser la porte, je sentis soudain une main se poser sur mon épaule mais c’était trop tard pour me retourner et découvrir qui en était l’auteur, d’ailleurs je ne le sus jamais. J’entrai. Aussitôt, les larmes me montèrent aux yeux, il était … méconnaissable. Oh bien sûr, comme toute personne le connaissant très bien, je l’aurais reconnu de suite mais son visage était boursouflé de contusions, mortifié d’hématomes. Et la plupart des autres parties visibles de son corps étaient plâtrées ou cintrées de bandages. Je vins m’assoir à ses côtés, il me fixait, sa main frémissait. Aussitôt je l’ai pris dans la mienne et là mes larmes perlèrent sur mes joues, il aurait voulu les ôter mais il en était incapable. « Ne pleures pas sœurette » prononça t’il très doucement, mais c’était aussi fort qu’il le pouvait. Je souris, un sourire triste, un sourire forcé. « Tu es beau. » Ce n’était pas de l’hypocrisie ni un mensonge, je le trouvais beau, c’était mon frère, il serait toujours le plus beau de toutes façons. Je parvins à apercevoir l’ombre d’un sourire entre ses nombreuses blessures. « Je sors demain ? » me demanda t-il alors, je sentais une nouvelle rafale de larmes arrivait, mais je les repoussais, il fallait être courageuse, pour lui, pour Sveinn-Jón. Je souris « Ca va bien se passer. » Je lui déposais un baiser sur le front et quittais la pièce, lui promettant de revenir le voir chaque jour. Sitôt en dehors de la chambre, je m’effondrais totalement, appuyée sur le mur, glissant jusqu’à terre. Les autres jours, et avec le temps j’avais la possibilité de rester plus longtemps mais il nous arrivait de déjouer la surveillance des infirmières pour que je reste plus longtemps, Sveinn-Jón était mon complice, on avait toujours formé une bonne équipe tous les deux. Le trio d’antan s’était transformé en petit duo après la concrétisation de ma maladie. Je venais tous les jours, je fleurissais sa chambre, je lui apportais des nouvelles du monde, les derniers déboires du voisinage, si j’avais pu j’aurais entièrement refait sa chambre d’hôpital. Je lui faisais la lecture, il aimait cela, je détestais l’idée qu’il reste tout seul dans cette chambre sordide au milieu de ce personnel aussi aimable que des fossoyeurs. Je faisais un peu la discussion seule mais je savais qu’il m’écoutait, et que je ne le dérangeais pas, au contraire malgré ce que le personnel hospitalier se tuait à me répéter sans cesse. « Tu te souviens de Barböră ? Elle avait cru que j’étais ta petite copine ! Je suis désolé … » Barböră cela avait été la dernière copine à ce que je savais de mon grand frère. Il avait suffit d’un jour, un jour où elle nous avait "surpris" tous les deux ensembles. Il était vrai que nous avions toujours été très proches, très fusionnels, complices et intimes aussi. On avait certainement du se prendre dans les bras ou quelque-chose dans ce genre, toujours était-il qu’elle n’a jamais rien voulu savoir. Pour elle c’était aberrant qu’en plus de lui piquer son petit-ami, j’ai l’audace de venir lui parler et tenter de lui faire croire qu’en réalité je n’étais que sa sœur. Sveinn m’avait dit ce jour-là de laisser. Cette fille n’était-elle qu’une simple conquête ou la famille était-elle plus importante à ses yeux que l’amour ? Dieu seul le sait. Comme toute réponse ce jour-là, Sveinn avait ouvert avec difficulté la couverture de son lit. Je souris, il ne m’en voulait sincèrement pas. J’ôtais mes chaussures et me glissait alors délicatement à ses côtés dans le lit jusqu’à m’y assoupir. Comme autrefois, quand petite, je venais me réfugier dans sa chambre, dorlotée dans ses bras de grand frère protecteur comme il s’était toujours comporté avec moi. […] Il faisait à peine jour, aujourd’hui je mettais levée tôt pour venir le voir, la veille je n’avais pu à cause de mon travail et je m’en voulais beaucoup. Je prenais l’ascenseur pour aller plus vite, je lui avais acheté un moelleux au chocolat, son désert préféré avec un mi-cho-ko fondu sur le dessus, il en raffolait, la nourriture des hôpitaux n’était vraiment ragoûtante. Certes ils ne cherchent pas à ce que les gens reviennent mais ils pourraient tout de même faire un petit effort au moins par respect pour les patients qui restent longtemps hospitalisés. L’ascenseur était arrivé à destination, je saluais tout le monde sur mon passage, j’étais de enjouée ce matin-là. Arrivée au niveau du couloir où la chambre de Sveinn-Jón se tenait, j’entendis un raffut indéfinissable, et plus j’avançais, et plus je voyais des personnes ne blouses blanches accourir de toute part, cela s’agitait. Oh mon dieu, mon gâteau m’en tomba des mains, c’était la chambre de Percy. Je l’appelais Percy en référence à Pocanthas comme il me surnommait Rox en référence à Rox et Rouky, cela datait de la petite enfance mais c’était resté. Je me ruais vers eux, oubliant complètement le fondant sur le sol plastifié. « Pardon, pardon, excusez-moi, bon tu te pousses ouais ! » Percy paraissait inconscient, ils s’apprêtaient à déplacer son lit. « Où est-ce que vous l’emmenez ? » « Qui êtes-vous ? Seules les personnes de la famille sont autorisées à entrer » « Mais je suis sa sœur ! » « Bon, très bien alors calmez-vous mamzelle. Tenez, je vais vous installer ici, vous avez une machine à café par là-bas et la cafétéria par ici. » Le brancardier parlait avec lenteur mais cela ne l’empêchait pas de me bloquer les poignets m’empêchant tout mouvement. Je me débattais de toutes mes forces, agitant la tête de tous côtés et criais impuissante, faute de moyens, réduite à la place de spectatrice « Ne t’inquiètes pas Percy, je suis là je ne bouge pas d’un poil, je t'attends ! » Pour sûr, elle ne bougeait pas d’un millimètre à cet instant. « Euh excusez-moi mais pas la peine de vous affoler mademoiselle vous avez du vous tromper, il s’agit d’un autre patient, Sveinn-Jón Gunnlausson, drôle de prénom composé n’est-ce pas, on se demande comment des parents peuvent appeler leur enfant pareil ! » vint annoncer une souriante et traditionnelle infirmière croyant apporter la bonne nouvelle du Seigneur. « Ta gueule pétasse ! » Finalement, le brancardier me tendit quelques pièces pour me payer quelque-chose à manger, je ne restais immobile, le fixant sans rien dire. Alors il me prit la main et les glissa dans ma paume. Je restais des heures à attendre imperturbable dans la chambre, assise à ma place comme d'habitude sauf que le lit manquait. Papa, Hlín-Ísveig et Thór-Ragnar me rejoignirent, personne ne disait mot, chacun conservait un silence de marbre, c'est à peine si on osait se regarder. Un médecin vint à nous, il nous parla mais je ne me souviens d'aucune de ses paroles, j'ai juste en mémoire l'image de lui bougeant les lèvres, maman s'effondrant totalement, papa tentant tant bien que mal de soutenir sa femme complètement assommé. Ma respiration s'était soudain coupée, mon corps tremblait de tout son long et un cri bestial, mon cri tel celui d'un animal sauvage, indescriptible. On me plantait un poignard en plein ventre, on m'arrachait le cœur, on me tailladait le visage. La douleur était indescriptible, indéfinissable, indéterminable, c'était l'insurmontable, l'annonce l'insupportable, l'inconcevable, la réalité l'intolérable, l'inacceptable. Des larmes brulantes coulaient sur mes joues telles des rivières de sang. Je m'effondrais par terre, appuyé sur le mur, la tête entre les mains. On nous conduit à la morgue, ni papa ni Hlín-Ísveig n'avaient la force de me l'interdire. Il y avait une chapelle, on nous proposa de nous y rendre, papa et Thór-Ragnar y allèrent, et aucun ne pu m'obliger à venir. Comment peut-on encore croire en Dieu dans un moment pareil. Le pire, la goutte d'eau, coup de fusil ce fut lorsqu'un membre du personnel vint vers nous et nous annonça d'une voix absolument posée et maitrisée « Vous pouvez partir maintenant. » A croire qu’on dérange à essayer de faire notre deuil ou plutôt à tenter de digérer la nouvelle. Et bien sûr, comme de braves petits moutons, notre dernier au revoir rendu à Sveinn se termina subitement, le regard de papa suffit à me dissuader de répliquer. [...] Cela faisait cinq jours que je ne mangeais plus, ni ne dormait, et parlais encore moins. Comme des fantômes, papa, maman, Thór-Ragnar et moi-même nous croisions aux détours d'un couloir sans un mot, sans un regard. Le repas familial ne faisait plus parti du quotidien, chacun se préparait son propre plateau-repas quand il le voulait et le mangeait où il le voulait. Seuls les pleurs de déchirement de papa transperçaient le silence ambiant tel des couteaux aiguisés se défoulant sur un drap blanc tendu. La perte d’un enfant est une chose totalement incompréhensible, les parents devraient toujours partir avant leur progéniture, pour ne pas voir la chair de leur chair périr et ne pas avoir conscience qu’elle sera tout comme eux bouffée et décomposée par les vers. Thór-Ragnar faisait des allers-retours entre son appartement et la maison, il avait quitté le cocon familial dès qu'il l'avait pu. Ne restait plus que moi à la maison, je pouvais encore certes suivre des cours normalement et pas encore être totalement libre. Sveinn-Jón avait lui aussi quitté le foyer, mais je ne lui en ai pas voulu. J'aurais pu aussi le quitter mais j'étais encore bien trop fragile pour espérer habiter seule, la cohabitation avec Thór-Ragnar semblait inimaginable et avec Sveinn-Jón je n’osai jamais m'imposer à sa routine. Je passais des nuits blanches, et les rares fois où épuisée je m'assoupissais, j'étais visitée par le souvenir d' Sveinn-Jón, son visage accidenté, son corps inanimé et hurlais d’effroi dans mon sommeil à en faire réveiller et s’inquiéter les parents... J'avais peine à entrer dans sa chambre, son antre qui était désormais un temple sacré. Il me fallut plusieurs jours avant de pouvoir enfin pousser la porte de sa chambre, rien n'avait bougé, c'était comme s'il ne nous avait jamais quitté. On s'attend toujours à voir apparaître la personne qui nous manque le plus au coin de la rue, on croit entendre sa voiture se garer, on croit l'entendre téléphoner, claquer la porte d'entrée ... Des ombres, des fantasmes ... La tête nous joue des tours. Le seul endroit où j'arrivais un temps soit peu à dormir était son lit, je m'y recroquevillais comme un petit animal abandonné, cherchant à tout prix de quoi se raccrocher à lui, une odeur, un son, n'importe quoi, j'écoutais ses musiques, respirait son parfum, ses vêtements, portait de ses vêtements, j'étais prête à tout. Personne ne me disait rien, mais je sais bien que cela ne les en rendait pas pour autant totalement indifférent. J'avais perdu toute envie, toute joie, tout sourire, toute humeur, j'étais devenue numb. Là on comprend le malheur des personnes qui se scarifient et vont même jusqu'à se suicider, une douleur interne que l'on n'arrive ni à comprendre, ni à maîtriser, ni à contrôler, ni même à exprimer. Or on a ce besoin de la rationalité, ce besoin de l'a concrétisé, nous ne sommes que des êtres humains, nous avons besoin de preuves, d'écrits, de lois, de physiques etc... Alors on se fait mal, physiquement, pour faire un mot, une raison à cette souffrance psychologique. [...] Les clochaient sonnaient comme annonçant un chaos, l'apocalypse, le jour du jugement dernier, une fin, la fin du monde, c'était la fin de mon monde, ma fin du monde. Ce matin je m'étais fait belle, j'allais voir Sveinn-Jón, j'avais mis le head-band qu'il m'avait offert, j'adorais ces petites choses. Une robe évidemment noire, j'avais revêtue mes plus beaux effets sombres. On n'achète jamais vraiment en penser y porter lors d'un enterrement, et pourtant il n'y a pas de tenue spéciale enterrement, on pioche alors dans nos vêtements du quotidiens de couleur noire, alors que c'est pour dire adieu à la personne qu'on aime. Je ne m'étais pas maquillée, je ne me maquillais pratiquement pas en général, pour aller voir Sveinn-Jón ce jour je l'aurais fait, mais je savais que j'allais pleurer alors à quoi bon, et puis derrière des lunettes noires... Des cernes s'étaient dessinés sous mes yeux, mes cheveux ressemblaient à un champ de bataille, c'était la première fois que je me regardais dans un miroir depuis jeudi matin, cinq jours plus tôt et que je coiffais mes cheveux. Chacun partait de son côté pour la messe, j’avais passé ces derniers jours enfermée dans sa chambre, refusant catégoriquement d’aller ne serait-ce qu’une seule fois au funérarium. Levée aux aurores, je partais la première, n’avalant rien, je n’avais pratiquement rien pu toucher depuis … jeudi. J’avais pris les clés de son appartement et m’y était rendue de mes propres moyens, en marchant, emmitouflée dans une grosse veste. Il vivait dans un studio miteux, des milliers de feuilles jonchaient sur le sol, le lit n’était pas fait, les draps n’avaient pas étés changé depuis une éternité, on voyait les traces de sueurs, le sol était crasseux, le tout recouvert d’une épaisse couche de poussière opaque. Coin cuisine et coin salle-de-bains étaient insalubres, le frigo contenait des produits périmés à présents, la plupart étaient des repas surgelés pas très diététiques et une quantité pharamineuse de bières et autres alcools. Cela sentait le fauve, et j’avais ça. Une photo de moi était scotchée au dessus de son lit, d’autres photos de nous deux circulaient un peu partout. Je souris, et sentait des larmes s'écouler lentement de mes pupilles humides, j'en pris une avec moi, et l'a garderait toujours. J’entrais sur son ordinateur, je connaissais le code, je transférais ses musiques sur ma clé. Il y en avait qu’il avait composé avec son groupe, l’une d’elle s’appelait Little Sister. Des cadavres de bouteilles recouvraient le sol, j’étais venu chercher quelque-chose, sans savoir quoi. J’avais encore le temps, j’avais mis en bande sonore Little Sister, je me glissais dans son lit et m’endormit aussitôt, la photo posée sur le coeur. […] Les cloches ne cessaient de sonner, comme si elles m’appelaient, allez dépêches-toi Phemen, nous t’attendons pour commencer semblaient-elle me dire. Je courrais, c’était la première fois de ma courte vie et aussi brève que la sienne que je courrais. Une découverte, un formidable sentiment de liberté, j’aurais aimé qu’il soit là pour me voir, mais cet exploit m’emmenait justement à ma dernière rencontre avec lui. L’oraison funèbre avait d’ors et déjà commencée quand je poussais les lourdes portes de l’église. Tout le monde se retournait vers moi, je ne connaissais personne et je parcourais toute l’allée jusqu’à prendre place à la première ligne, me glissant au côté de la famille du défunt, ma famille, mon défunt sans un bruit ni un regard et tout au long de ma traversée, je sentais le regard des gens se poser sur moi avec insistance. Personne ne connaissait cette jeune femme blonde qui rejoignait la famille Gunnlausdóttir. « On dirait qu’elle a un air de famille. » « C’est la petite amie du mort. » « Il paraît que ce serait sa fiancée. » « La copine de Sveinn-Jón. »etc. Ces petits commérages n’avaient pas échappé à la belle Roxanne qui était tout de même et fort heureusement venue aux funérailles. Quoi de mieux pour alimenter son animosité envers moi. Le prêtre se levait, la cérémonie débutait, Sveinn-Jón devait résider dans le modeste cercueil posé sur un infortuné porte-cercueil en acier à roulettes. La mort ce n’est rien, à côté de la mise en bière. Prendre pleinement conscience qu’on ne reverra plus jamais la personne de son vivant en tous cas pour les purs croyants. Voyez, les Gunnlaus ont inculqués à leurs trois enfants la religion chrétienne, Sveinn était un bon croyant, Thór un piètre fidèle et moi j’ai toujours cru sans pour autant voir quelque-chose après la guerre. C’est là que ma limite se tient, et que ma croyance se voit bloquée, je vois bien des miracles tous les jours, mais n’arrive pas à imaginer quelque-chose après. Je dois avoir l’esprit trop fermé, trop physique, trop terre-à-terre pour cela, et pourtant, Dieu sait ô combien je ne suis pas scientifique, sinon littéraire. Savoir que cet être que vous avez chérit, adoré, respecté, admiré, aimé plus que tout au monde, va se retrouver dans une vulgaire boîte en bois. Qu’il va se retrouver sous terre, il n’y aura plus aucun moyen de le revoir. Si beau soit-il, il se décomposera, empestera, sera bouffé par les vers etc… c’est bien la chose la plus horrible qui puisse être à jamais contrainte d’être acceptée par l’espèce humaine. Nous étions une petite assemblée en ce mardi noir à l'église de Skógar. Je supposais qu'en faisait parti ses amis, peut-être quelques camarades, voire même quelques professeurs et des gens du voisinage. Chaque membre de la famille passa à côté du cercueil pour "dire un petit mot" comme nous l'avait proposé le curé. Les discours que papa et Thór avaient tenus et comme qui diraient rentrés d’une oreille et sortis de l’autre. « Nous n'étions pas très riches, mais papa et grand-mère ont toujours tout fait pour qu'on ne manque de rien. Il s'arrangeait toujours pour venir à la maison, manger, dormir ou simplement discuter, nous voir ... Il savait toujours nous faire plaisir ... Il aura toujours été formidable avec moi. Je ne vous ferais pas un éloge de mon frère, puisqu'après tout je n'en connais qu'une facette. Je ne connais pas le Sveinn-Jón que vous connaissez, je ne connais pas le Sveinn-Jón que chacun de vous a côtoyé à un moment de sa vie. Je ne connais pas Anwar l'étudiant, je ne connais pas Sveinn-Jón l'ami, ni même Sveinn-Jón le fils, encore bien moins Sveinn-Jón le frère de Thór-Ragnar. Le seul Sveinn-Jón que je connais, c'est Sveinn-Jón mon frère, Sveinn-Jón le frère de Káča-Sìlje. Tout ce que je sais, c'est comment il était avec moi et à présent que c'était un dealer. Peut-être étais-ce un coureur de jupon, peut-être s'amusait-il avec les filles et les jetais ensuite ... Mais je ne suis pas là pour juger un Sveinn-Jón que je n'ai jamais connu et que je ne connaitrais jamais. Je veux juste vous parler de Sveinn-Jón Gunnlausson, mon frère. Je ne lui serais jamais assez reconnaissante de tout ce qu'il a fait pour moi, de tous les sacrifices et les privations qu'il a fait ou accepté sans rechigner pour ma petite personne, au même titre que tous les membres de ma famille. Mais de tous, c'était bel et bien le meilleur, et à mes yeux il restera toujours le plus beau, le plus intelligent, le plus gentil ... peu importe ce qu'il a fait, car c'est mon frère et ce sera toujours le meilleur, le plus beau et le plus dévoué de tous les frères que le monde ai connu d'avoir. Sveinn-Jón, c'est la personne qui m'a permit de croire qu'un jour je pourrais être normal, il me donnait ce sentiment d'être comme tout le monde. Je ne pourrais jamais oublier le regard qu'il posait sur moi à chaque fois. C'était un regard empli de bienveillance et de tout ce qu'il y a de plus bon. Il m'a permit d'avoir confiance en moi, de croire en des choses que je n'osais même pas espérer. C'est grâce à lui que je suis devenue celle que je suis aujourd'hui, il m'a fait grandir, devenir courageuse, une battante c'est lui qui m'a formé. Je lui dois bien tout... Je voulais juste te dire ... que tu es vraiment une belle personne Percy.» J'avais prononcé ce faible discours pour exprimer ce que je ressentais d'une voix chevrotante, parsemée de plusieurs petits à coups. J’étais restée tout le temps la tête penchée, comme rentrée sur elle-même, reniflant et la main posée, appuyée sur le cercueil. Tous les membres de la famille faisaient face au cercueil de leur fils et frère, chacun était de marbre, il n’y avait aucune solidarité. Chacun était seul face à son chagrin, seul face à cette mort, seul face à son deuil, seul face au cercueil, seuil face au cercueil de Sveinn-Jón, seule devant Sveinn. Après tout la vie c’est être seul, on nait seul, on vit seul, on pense seul, on est seul, on réfléchit seul, on est seul devant sa copie, on dort seul, et on meurt seul. Et au moment de prononcer la dernière phrase dans un ultime effort de contrôle et de maitrise de soi-même, je levais les yeux au ciel tout en caressant ce cercueil qui m’horripilait tant avant d’y déposer par-dessus une pivoine avant de rejoindre ma place et de finalement m’effondrer sur le banc de l’église. J’avais failli, failli à mon devoir, je m’étais promis, je lui avais promis, je m’étais promis à moi-même mais avant tout pour lui, de ne pas pleurer, de garder toute dignité, et j’avais failli comme l’impression de le trahir. Pendant mon discours, Eðvar un pote de Thór qui s’était placé sur la rangée derrière celui-ci lui confia avec une diplomatie impressionnante et apparemment une pleine conscience de la situation, des circonstances, du pourquoi il était là et ce que c’était que des funérailles, la dernière manière d’honorer la mémoire d’une personne chère et de lui faire ses adieux. « Eh mec, tu m’avais pas dit, elle est bonne ta sœur. » Tout près, se tenait Rúrik, le plus proche et seul ami que j'avais, il avait tout entendu et tout d'un coup ce fut la révélation, dès lors il ne me regarda plus jamais comme auparavant. [...] On dit que les drames resserrent les liens dans une famille, à croire qu’on n’est vraiment pas une famille normale. Thór-Ragnar en devint de plus en plus distant et agressif. Nous étions dans le parc à la sortie du cimetière, Thór, ses amis, les amis de Sveinn-Jón et moi-même, installés à une table de pique-nique. « Il continuait toujours ses conneries là ? » avait demandé quelqu’un, j’avais la tête dans les mains penchée, mes doigts agrippaient mes cheveux. « Ouais, il était complètement défoncé au moment de l’accident … Ca fait un moment avec Lòne qu’on dit qu’il faut le sortir de là » S’était alors mit à prononcer Thór-Ragnar. Exaspérée, j’avais relevé la tête et lancé « Mais à part le dire tu fais quoi toi ? » Thór-Ragnar avait retiré sa cigarette sur le coup et me fixant « Déjà je passe pas mes soirées en m’en mettre plein le nez avec lui quoi » Je retirais fougueusement mes lunettes de soleil noires « Attends, tu fais quoi là ? T’es en train d’insinuer que c’est ma faute !? » « Mais non il a pas dit ça, il dit juste qu’on est tous un peu responsable c’est tout. » Pris alors sa défense une fille qui aurait pu faire le trottoir vu son style vestimentaire et qui paraissait être sa copine « Non, non non c’est pas ce qu’il a dit, il a dit que je l’encourage. » Ils parlaient encore de lui au présent, l’adaptation était difficile et ardu. Cela aurait pu dégénérer, heureusement cela ne le fut pas mais les tensions étaient si fortes. Je ne fumais pas, cela m'était interdit et à tous ceux vivant sous mon même toit, une interdiction qui était mal présentée puisque personne ne fumait mais qui eu le don de susciter l'envie chez Thór, un moyen de montrer son désaccord. Je doutais papa et maman d'être au courant, mais personne ne lui interdisait, tant que cela n'était pas à l'intérieur de la maisonnée. Je ne buvais pas non plus, ni ne me droguait pourtant, je ne pouvais pas tellement à vrai dire. Mais j'avais l'habitude de passer des soirées en compagnie de Sveinn-Jón, il fumait, inondait sa chambre d'encens, j'étais habituée, cela ne me dérangeait plus. L'enterrement sème le point de non-retour, c'est un point de rupture, à partir de là, il n'y a plus aucun moyen de revoir l'être aimé, il est sous terre, plus de morgue, plus de funérarium, c'est finit. Je fis un dépression, un soir je me coupais les veines dans mon bain, quelques heures plus tard après avoir été prise en charge aux urgences, j'étais internée en hôpital psychiatrique, parce qu'il n'y a pas que les fous. On en est même venu à me mettre des sondes afin de m'injecter de la nourriture, puisque je refusais de m'alimenter. Pauvre Hlín et papa, ils venaient de perdre son petit-fils pour l’une, et son fils pour l’autre et je leur faisais des misères ... Pauvres de nous. La remontée fut longue et difficile, je vous passe les détails de l'hôpital psychiatrique. Je ne parlais à personne. Non je ne suis pas devenue la meilleure amie de celui qui se prenait pour Claude François. Je ne sortais pas de ma chambre. Le pire, c'était que Sveinn-Jón aurait détesté me voir ainsi, et delà où il était certainement et nous voyait, il haïssait la façon dont je me détruisais et mourais à petit feux. L'internement psychiatrique, ce fut un véritable enfer, dont je ne pouvais m'échapper. Les médecins refusaient de me laisser sortir. Je n'avais même pas droit à de la lecture ni même à de la musique. La télévision n’existait pas, la radio non plus, les jeux de sociétés même régime et les visites, n’en parlons pas, elles étaient inespérées. Ces deux-choses les plus importantes pour moi, depuis j'ai toujours gardé sur moi les musiques de Sveinn-Jón et en particulier celle qu'il a composé et intitulé Little Sister. Ce qui m’avait le plus enfoncé, outre le fait non des moindres de Son départ, était le fait qu’il soit dealer. Comment avais-je pu être aussi égoïste, me comporter de manière aussi ingrate avec lui. Monopolisant systématiquement toute son attention et ne même pas ouvrir les yeux sur son propre malheur à lui. Et pourtant j’aurais du la première à défaut de la savoir, mais au moins de m’en apercevoir, j’étais constamment avec lui, je le connaissais mieux que personne. J’étais tellement accaparée par mon petit malheur personnel que je ne m’étais même pas rendu compte à quel point il souffrait. Bien sûr la découverte de son appartement confirmait son problème, mais encore aurait-il fallu le découvrir ne serait-ce qu’un tantinet plus tôt. Je ne cessais de culpabiliser de n’avoir pas su voir et par conséquent de ne lui être pas venu en aide, alors que lui ne cessais que de m’aider, que de veiller sur moi et subvenir à mes moindres besoins. La mort c'est rien, côté de la mise en bière. Admettre que la personne à laquelle vous tenez le plus au monde va disparaître, que vous ne pourrez plus jamais au grand jamais la revoir, une fois le cercueil scellé sonnant comme un gong tibétain annonçant la fin du monde en 2012, que son corps va se retrouver entreposer dans une vulgaire boîte et va d'ici peu finir par empester, se décomposer et être bouffé par les vers ; c'est bel et bien la chose la plus difficile qu'il n'ai jamais été donné de faire à un être humain doté d'un minimum de cœur, d'humanité, de conscience morale, éthique, du sens des réalité et d'une conscience. A la sortie de l'hôpital, je n'avais plus de vie, celle-là venait d'être brisée. Sveinn était un brillant étudiant en hôtellerie, et moi passionnée de civilisation, je me dirigeais vers une orientation historique, rêvant d’intégrer une prestigieuse université lorsque la tragédie était survenue. [...] C'était mon premier jour de retour à la maison depuis mon internement en hôpital psychiatrique, grand-mère avait fait une petite fête pour mon retour, elle avait demandé à Thór, de venir et avaient acheté un gâteau et même d'autres petits présents pour fêter mon retour à la maison. Je les détestais, je haïssais leur façon de se comporter, leur comédie, leur jeux de faux-semblants, comme si on était une famille normale comme si rien n'était jamais arrivée, on n'a jamais été une famille comme les autres, comme si aucun de leur enfant n'était subitement décédé, comme si Sveinn n'avait jamais existé. Le soir, je retrouvais ma chambre après plusieurs mois. Un caillou toqua à la vitre de ma fenêtre, je l'ouvrais, c'était Rúrik, il monta à l'échelle et atterrit dans ma chambre. Cela faisait tellement longtemps qu'on se connaissait, mais c'était en particulier après le départ de Sveinn de la maison que l'on s'était plus souvent fréquenté. Il avait représenté pour moi l'affection qui me manquais tant depuis que Sveinn avait quitté la maison pour s'installer. C'était devenu un rituel, les chambres étant situées au second étage de la maison, il lui suffisait de monter grâce à une échelle jusqu'au sous-toit et delà il avait le libre accès à ma chambre. Bien sûr, le phénomène ne s'inversait pas, puisque je ne pouvais sortir. Je ne l'avais pas revu depuis l'enterrement, je n'avais toujours pas fait mon deuil, ne l'ai toujours pas fait et n'y parviendrais jamais. « Je venais juste te saluer » avait-il alors annoncé timidement, cela faisait un moment qu’on ne s’était pas revu et cette visite avait faire renaître l’étincelle qui lui était apparue le jour des funérailles. Emue, je m’approchais de lui et nous nous enlacèrent, je serrais son tee-shirt les larmes aux yeux, tous les souvenirs remontaient de notre dernière entrevue, la mort de Percy. « Je vais te laisser. » avait-il dit doucement en se retirant délicatement de mon emprise. « Non » avais-je aussitôt répondu, Rúrik m’avait fixé, j’avais souris timidement « reste, s’il te plaît. » Et c’est ainsi que comme autrefois, nous dormirent ensemble, en pure et simple amitié, comme je le faisais avec Sveinn-Jón. Par Rúrik, je retrouvais Sveinn-Jón par substitution or je me mentais à moi-même et ne faisait rien d’autre que me faire du mal. Nous n’avions pas besoin de parler à l’époque, la simple présence de l’autre, son contact, sa respiration. Savoir qu’on n’est pas tout seul, que cette personne ne nous juge pas, ne nous demande rien et n’essaye même pas de nous comprendre, juste elle est là pour nous … c’était tout ce que Percy m’apportait et qui m’avais horriblement manqué depuis son départ de la maison, son départ tout court et en particulier à l’hôpital psychiatrique. […] J’avais repris mes études, je n’avais aucune vie sociale hormis papa, grand-mère et Rúrik ainsi je consacrais tout mon temps à travailler. J’avais repris la danse évidemment, c’était mon seul moment de détente. Grand-mère s’inquiétait de mon état, je leur disais que tout allait bien, je me contenter d’aller en cours et de revenir, ne parlant à personne, renvoyant l’image d’une fille renfermée et ainsi n’attirant pas la sympathie de quelques personnes désireuses de me sortir de mon inertie ou plutôt insociabilité, je mangeais pour survivre, j’avais eu mon concours, et mon diplôme et je dormais fréquemment dans la chambre de Percy, chaque jour je passais le voir au cimetière, entamant la discussion seule, comme je le faisais quand je m’occuper de lui à l’hôpital. Plusieurs fois par semaine, je passais chez lui et faisais le ménage dans son appartement, tombant au hasard sur de petites portions de drogues, comme s’il les avait cachait avant son départ pour faire un jeu, telle une carte au trésor. A chaque fois, je consommais la petite portion, je ne sais pas si je pouvais ou pas avec mon état de santé amélioré mais je m’en fichais comme de l’an quarante. Je marchais sur les derniers pas de mon grand frère. De son côté, Rúrik semblait à la fois ravie et perturbé de mon retour à Skógar. Lui qui m’avait toujours vu et considéré comme un ami au sens masculin, mais jamais comme un membre de la gente féminine à part entière, non pas que j’étais du genre garçon manqué bien au contraire. Seulement bien souvent l’amour se trouve sous notre nez et on ne le voit pas. Chaque jour il me trouvait plus belle, plus radieuse, plus femme. Et petit à petit il m’aimait, il m’aimait comme un homme peut aimer une femme. Un soir il voulu me faire une surprise, me banda les yeux et m’emmena avec lui, nous avions pris la voiture à en juger par le bruit du moteur. Je découvris qu’il m’avait emmené dans un endroit assez sordide, j’hésite encore à me prononcer sur son identité, c’était un peu entre le bar et la boîte de nuit. Je ne connaissais pas évidemment. A l’intérieur, l’ambiance était oppressante, l’air étouffant, la musique assourdissante. Rúrik lui semblait totalement dans son élément, allant saluer des supposés amis et me présentant à chacun bien que je n’entendis jamais ce que ses lèvres disaient et ne su donc jamais les prénoms de ces personnes, mais qu’est-ce que je pouvais bien en avoir à foutre aussi. Après quelques heures restées assise, les yeux dans le vide, silencieuse. J’avais refusé poliment toutes les conversations ou propositions de verre ou de danse. Je m’ennuyais et en plus suffoquait dans cette ambiance bien que mon frère ai certainement fréquenté ce genre d’endroits, malheureusement, ce qui me plongeait d’autant plus dans mon désespoir de cause. Rúrik s’éclatait sur la piste de danse, je lui sourirais gentiment, il buvait plus que de raison et me faisais de grands signes. Je refusais toujours de danser avec politesse. Soudain, apparu Eðvar, l’ami de Thór-Ragnar qui m’accosta, je m’excusais poliment et quittait la salle. J’allais rentrer, cette ambiance m’ennuyais et par-dessus tout me fatiguait. « Qu’est-ce que tu fais ? » on m’agrippait le bras, je me retournais, c’était Rúrik, hilare auquel l’approche d’Eðvar n’avait pas échappé. « Je rentre, j’en ai marre, mais reste toi ne te déranges pas pour moi, tu t’amuses bien ici ! » répliquais-je sincère dans mes propos, ça me faisait plaisir qu’il s’amuse, mais j’en avais assez enduré comme ça. « Oh allez reste encore un peu » visiblement il était bourré « on s’amuse bien tous les deux non » je ne savais pas tellement quoi répondre mais mon regard s’était subitement porté sur sa main qui serrait de plus en plus fort mon maigre bras. Et sans que je m’en fusse aperçue, il m’avait déjà poussé vers les toilettes qui apparemment n’étaient pas très loin. J’eus un petit rire nerveux « Qu’est-ce que tu fais là Rúrik ? » mais ses pupilles étaient devenues noires, il baissait la braguette de son jean et me plaquant contre le mur poisseux ses lèvres cherchaient les miennes. Peut-être que dans d’autres circonstances, je n’aurais pas refusé, mais ce là je fus réticente. Je ne voulais pas, pas comme ça. « Arrête ! » Mais son emprise était bien trop forte sur moi et ma sous-nutrition ne m’aidait pas évidemment. Rúrik tentait de se forcer un passage. Je l’avais toujours vu comme Sveinn-Jón, j’avais toujours vu Rúrik comme un copie de Percy, bien que personne ne pourrait jamais ni le remplacer, ni l’égaler. Mais je connaissais bien mon Percy, jamais aussi dealer et quoi que ce soit qu’il était, il n’aurait pu commettre affront pareil. Et pensant à lui, je me débattis et je défendis de toutes mes forces, jusqu’à arriver à m’extraire de l’enceinte qu’exerçait son corps sur le mien, à temps. Il ne s’était rien passé, tout du moins pas encore, je venais d’échapper de justesse à un viol, mais le geste, l’intention et l’agression sexuelle étaient bel et bien là. Je courus de autant que je le pouvais, ne regardant jamais derrière moi, jusqu’au seul endroit où je m’étais toujours sentie en parfaite sécurité, auprès de Percy. Sa présence m’avait toujours rassurée, sa voix apaisée, son contact réconforté, son regard consolé. Après son internement à l’hôpital c’était dans sa chambre que je me sentais le plus protégée. Et ce jour, je me dirigeais instinctivement auprès de sa tombe. A mon plus grand ébahissement, Thór-Ragnar y était déjà présent, au plein milieu de la nuit. Sans bruit, je m’assis par terre à ses côtés, fixant la nouvelle résidence de notre frère. Thór releva la tête et tourna son visage vers le mien après de longues minutes de silence où chacun réfléchissait, pensait, méditait et priait aussi. « Mauvaise soirée ? » demanda t-il et à je devinais que sa phrase aurait pu se terminer d’un "aussi" ou "à toi aussi". J’acquiesçais d’un signe de tête, j’avais pleurée durant ma course, et mon mascara et eye-liner avait tout dégouliné sur mes joues rosées par le froid, à chaque respiration, nous expirions un nuage de vapeur blanche qui s’effaçait aussitôt. Thór-Ragnar avait bien changé, malgré ce qu’il paraissait être, il avait arrêté de fumer et avait entamé après une longue quête d’identité des études de médecine. Alors qu’il avait tant souffert de ma maladie, il en devenait à présent un expert et prenait soin de moi, c’était la relève de Sveinn-Jón, il avait décidé de reprendre son flambeau. Il devenait bienveillant avec moi contre toute attente. « Viens on rentre » tous deux nous émirent un sourire triste, Percy souriait lui aussi de là-haut. Nous nous levèrent, il m’aida à me relever, « tiens tu vas prendre froid » dit-il en me passant sa veste alors qu’il grelottait. Nous marchèrent bras dessus bras dessous, en silence, il m’emmenait chez lui, pour la première fois. Et pour la première fois, je dormis chez lui, avec lui comme je le faisais avec Percy et comme je l’avais fait avec Rúrik, serrés l’un contre l’autre comme des enfants apeurés par le monde et les atrocités dont son capable l’être humain. Rúrik n’était plus mettre de lui, l’alcool lui avait fait perdre tout contrôle moral, social ou éthique sur ses désirs, et pulsions passionnelles, la tension était beaucoup trop forte. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je ne pouvais pas lui en vouloir à lui, mais à ce qu’il avait fait ou faillit faire oui. Je n’allais pas commencer une nouvelle vie, ma vie elle était avec Percy, mais j’avais obtenue mon diplôme et je venais enfin de me réconcilier avec Thór. Mais je devais quitter Skógar, je devais quitter cet endroit, il me ressasser trop de mauvais souvenirs, et puis je ne pouvais décemment exercer mon métier ici, direction Reykjavik.


Dernière édition par Káča-Sìlje Gunnlausdóttir le Sam 12 Fév - 10:57, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMar 8 Fév - 23:38

bienvenue KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie 651951
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Hanne-Lóa Svenonndóttir
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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMer 9 Fév - 0:23

bienvenue sur le forum, merci de ton inscription (: brillant
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Alba Svala Alexeïeva
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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMer 9 Fév - 13:23

BIENVENUE yaaaaaaa
merci de ton inscription ♥️
hâte de voir qui se cache derrière ce joli nom haha
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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMer 9 Fév - 15:51

Merci à toutes brillant
Pour l'avatar, je pense attendre de voir si Leighton et Meester sont prises définitivement.
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C. Nólan Bazel

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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMer 9 Fév - 18:03

Bienvenue :)
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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptyMer 9 Fév - 18:17

thanks :)
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MessageSujet: Re: KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie   KÁČA don't touche me, i'm a walkyrie EmptySam 12 Fév - 11:00

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